Un prologue énigmatique entre rêve et cauchemar

Le premier instant de Clair Obscur – Expedition 33 enveloppe le joueur d’une atmosphère à la fois onirique et troublante. Au son de violons inquiétants, une Tour Eiffel incomplète surgit, fendue en deux avec son sommet courbé vers le ciel. Un homme, silhouette évanescente, lance des pierres sur une stèle marquée du chiffre 34. Très vite, une fillette apparaît, vêtue d’un pull marin et d’un foulard rouge. Le décor n’est ni tout à fait Paris ni un simple mirage : nous sommes plongés dans une “France possible”, un royaume suspendu entre folie et beauté.

La mission de l’Expedition 33

Cette ouverture annonce la trame principale. Dans la cité flottante de Lumière, le nombre 34 signifie la disparition inexorable de tous les habitants atteignant cet âge. Chaque année, une cérémonie appelée “Gommage” voit s’effacer les trentenaires-quatre-ans, engloutis dans une pluie de pétales rouges et blancs. Guidés par Gustave, l’homme à la main bicolore, et Maelle, jeune orpheline, les membres de l’Expedition 33 s’élancent vers le “Continente”, vaste contrée isolée depuis la Fracture, pour retrouver la mystérieuse Peintre et rétablir le droit d’incruster son âge dans le temps.

Un gameplay qui flirte avec Zelda et Elden Ring

Sur le plan ludique, Clair Obscur s’inspire à la fois des grands classiques japonais et occidentaux. Les mécaniques de combat au tour par tour évoquent l’esprit des Final Fantasy, tandis que l’exploration labyrinthique rappelle Zelda. Plus surprenant, le monde ouvert se rapproche d’un Elden Ring adouci, où la difficulté légendaire de Miyazaki se mue en dédale contemplatif plutôt qu’en défi extrême. Dès les premiers pas sur le Continente, on éprouve ce vertige typique des mondes fracturés : trois dimensions à arpenter (surface, cieux, abysses), chacune regorgeant de créatures étranges et d’énigmes à résoudre.

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Le labyrinthe comme fil rouge thématique

À chaque tournant, le joueur se heurte à un véritable labyrinthe spatial. Deux modes de progression s’offrent à lui :

  • Le sentier lumineux : balisé par lampadaires, lanternes et rayons de soleil, il guide vers l’objectif principal.
  • Le parcours dans l’ombre : plongé dans le noir, il réserve bonus, personnages et secrets, mais exige persévérance et sens de l’orientation.

Cette dualité n’est pas qu’un artifice de level design. Elle traduit le combat intérieur entre clarté et obscurité, conscient et inconscient, mémoire et oubli : l’architecture même du monde dialogue avec les tourments de la famille Dessendre.

Les Dessendre : une famille déchirée par le deuil

Au cœur de l’intrigue émerge la saga des Dessendre, peintres obsessionnels incapables d’accepter la mort de leur enfant. Les principaux archétypes se déclinent ainsi :

  • Renoir (Le Père) : l’alchimiste du chaos, prêt à tout pour préserver son univers.
  • Aline (La Mère) : la Peintre, créatrice de mondes, hantée par sa perte.
  • Verso (Le Fils) : figure sacrifiée, dont le portrait interdit continue d’apparaître dans chaque tableau.
  • Clea (La Sœur Aînée) : architecte des rencontres et antagoniste graphique.
  • Alicia / Maelle (La Sœur Cadette) : orpheline-guide, son innocence perturbe l’équilibre fragile du groupe.

Ces personnages, parfois remplacés par Gustave, Lune ou Sciel, cristallisent les tensions familiales et incarnent le dilemme central de l’œuvre : faut-il peindre l’imaginaire pour oublier la douleur, ou affronter la réalité brutale du deuil ?

Inspiration Bioshock Infinite et métaphore du tableau

Le prologue fait écho à la magie déchue de Bioshock Infinite, où un parc d’attractions flottant dissimule un drame sous ses couleurs vives. De même, Clair Obscur peint un paradoxe : la beauté du monde stylisé contraste avec la tragédie de la perte. Chaque île-plateau, chaque fer forgé courbé, chaque pièce d’eau suspendue est une fragmentação de l’esprit, une toile vivante que l’on parcourt en quête de sens.

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La dimension onirique et symbolique

Au-delà de l’intrigue, le jeu suspicieux décline une réflexion sur la mémoire et la création artistique :

  • La dualité : couleurs claires versus ombres, vie versus mort.
  • Le labyrinthe mental : dérive synaptique, errance subjective.
  • La métaphore du tableau : chaque réalité alternative est un coup de pinceau destiné à figer l’émotion.

Ainsi, l’exploration devient introspective : en fouillant les dédales du Continente, on revisite les méandres du deuil, de la folie créatrice et de la rédemption possible.

Un ambitieux délire visuel et narratif

Clair Obscur – Expedition 33 ne se contente pas d’offrir un univers séduisant. Par son mélange d’esthétique surréaliste et de mécaniques de cauchemar bien huilées, il impose une expérience immersive où le joueur ne se contente pas de survivre : il ressent. La sensation de dérive, le vertige face à un plan fracturé, l’attachement à des figures brisées par l’absence… tout concourt à faire de ce jeu un récit émotionnellement chargé.

Pourquoi jouer dès maintenant ?

Si vous cherchez plus qu’un simple parcours héroïque, si vous souhaitez plonger dans une odyssée qui questionne l’âme humaine, prenez le risque de vous perdre. À travers le chaos chromatique et les énigmes labyrinthiques, Clair Obscur vous emmène droit dans le cœur d’une famille en déroute, pour mieux vous faire toucher du doigt la puissance cathartique de l’art.

By Octave