Vendredi 1er août 2025, une jurée fédérale de Miami a rendu un verdict historique : Tesla est condamnée à verser 243 millions de dollars à la suite d’un accident mortel survenu en 2019 en Floride. C’est la première condamnation judiciaire importante liée à l’utilisation de l’Autopilot, le système avancé d’assistance à la conduite d’Elon Musk. Retour sur un jugement qui pourrait bouleverser l’avenir des technologies de conduite semi-autonome.

Autopilot : un ADAS de niveau 2 sous haute surveillance

L’Autopilot de Tesla est classé comme un système ADAS de niveau 2 selon la norme SAE, introduit sur Model S en octobre 2014 puis généralisé à l’ensemble de la gamme dès 2019. Ce niveau d’automatisation combine simultanément :

  • l’assistance au maintien de la trajectoire,
  • le contrôle adaptatif de la vitesse,
  • et la gestion assistée du changement de voie.

Contrairement aux robotaxis de niveau 4, tels ceux déployés par Waymo, qui circulent sans conducteur dans des zones prédéfinies, l’Autopilot exige la supervision constante du conducteur. Une violation de cette règle de base a eu des conséquences dramatiques sur la Card Sound Road, près de Key Largo.

Les faits : un arrêt manqué, une vie brisée

Le 25 avril 2019, une Tesla Model S roulait à plus de 96 km/h sur une route secondaire balisée par un panneau stop et un feu clignotant. Au volant, un conducteur avait activé l’Autopilot avant de se pencher pour récupérer son téléphone tombé sur le siège. L’auto traversa l’intersection sans ralentir, percutant une Chevrolet Tahoe stationnée. La passagère âgée de 23 ans mourut sur le coup, et son compagnon subit des blessures permanentes.

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Une mise en cause du marketing et des promesses d’Elon Musk

Les avocats des familles ont attaqué Tesla sur deux fronts principaux :

  • Publicité mensongère : ils reprochent à l’entreprise et à son fondateur d’avoir vanté des capacités de conduite quasi-autonome dans des vidéos promotionnelles et des déclarations publiques,
  • Usage non restreint : alors que l’Autopilot était initialement conçu pour les autoroutes à accès limité, Tesla l’a mis à disposition sur tous types de routes, sans consignes supplémentaires.

Selon l’accusation, Tesla connaissait ces limites mais a préféré élargir le terrain d’utilisation pour accélérer l’adoption, au risque de confondre les conducteurs sur le rôle exact de l’assistance.

Le procès : responsabilité partagée

Au tribunal fédéral de Miami, Tesla a répliqué que la faute incombe exclusivement au conducteur : le manuel indique clairement que le pilote doit garder les mains sur le volant et surveiller la route. De plus, à l’instant de l’impact, le conducteur avait l’accélérateur enfoncé, désactivant l’Autopilot.

Pour la jurée, la responsabilité est partagée :

  • 33 % pour Tesla, jugée fautive dans la conception et la mise en marché de l’Autopilot,
  • 67 % pour le conducteur, en violation de ses obligations de supervision active.

Des dommages et intérêts record

Le montant total réclamé atteignait 329 millions de dollars, répartis ainsi :

  • 129 millions pour dommages compensatoires (Tesla à 33 % soit 43 millions),
  • 200 millions pour dommages punitifs, intégralement à la charge de Tesla.

Les dommages punitifs viennent sanctionner une « négligence grave » : la jurée estime que Tesla avait conscience des risques encourus en autorisant l’Autopilot sur des voies non adaptées.

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Une application possible aux régulations futures

Ce premier jugement sans accord extrajudiciaire marque un tournant :

  • des régulateurs, comme la NHTSA, surveillent de près les incidents liés à l’Autopilot et ont déjà forcé des rappels de plus de 2 millions de véhicules pour améliorer la détection d’attention du conducteur,
  • les législateurs envisagent de durcir les normes de classification des ADAS et l’étiquetage des systèmes d’assistance,
  • les constructeurs rivaux scrutent l’issue de l’appel de Tesla pour ajuster leurs stratégies marketing et techniques.

Les répercussions chez Tesla

Tesla a immédiatement annoncé faire appel, dénonçant un verdict « erroné » qui fait peser toute la charge sur leur technologie. Pourtant, la jurisprudence pourrait désormais contraindre l’entreprise à mieux encadrer l’usage de l’Autopilot, via :

  • une mise à jour logicielle limitant l’activation sur certains types de routes,
  • des alertes plus fréquentes pour maintenir la vigilance du conducteur,
  • une clarification des messages marketing sur les capacités réelles du système.

Au-delà de Tesla, cette affaire jette une lumière crue sur les responsabilités des fabricants de systèmes embarqués assistés. À l’heure où la conduite autonome s’accélère, la frontière entre assistance et automatisme complet n’a jamais été aussi scrutée, par les tribunaux comme par les consommateurs.

By Octave