Quand les géants de la presse attaquent Google pour ses résumés IA

Le 13 septembre, Penske Media Corporation a engagé une action en justice contre Google aux États-Unis, accusant le moteur de recherche d’exploiter sans autorisation ses contenus journalistiques pour alimenter ses “AI Overview” – ces résumés générés par l’intelligence artificielle qui apparaissent en tête des résultats de recherche. À la clé pour Penske : un recul d’un tiers de ses revenus d’affiliation et une chute significative du trafic depuis Google.

Les accusations formulées par Penske Media

Penske Media, propriétaire de titres influents tels que Rolling Stone, Billboard et Variety, reproche à Google de :

  • Utiliser ses articles pour créer automatiquement des résumés AI Overview, sans rémunération ni autorisation.
  • Imposer aux éditeurs de fournir leurs contenus aux trois fins suivantes : extraits affichés dans les résultats, entraînement de Gemini (le modèle IA de Google) et génération des résumés automatiques.
  • Menacer d’exclure de son index les sites qui refuseraient de céder leurs contenus, privant ainsi les éditeurs de toute visibilité sur la recherche la plus utilisée au monde (près de 90 % de part de marché).

Des conséquences dramatiques pour les éditeurs

Selon la plainte de 101 pages, Google place désormais les AI Overview en position privilégiée pour environ 20 % des requêtes liées aux sites de Penske, réduisant d’autant les clics vers les articles originaux. Résultat :

  • Une baisse de plus de 33 % des revenus d’affiliation, autrefois vitaux pour le modèle économique du groupe.
  • Un trafic en chute libre, mettant en péril la viabilité financière de plusieurs marques du groupe.
  • Une dépendance accrue des éditeurs envers Google, tant pour la visibilité que pour la monétisation.
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Cadre légal et antitrust américain

Penske Media invoque le Sherman Act de 1890, la loi antitrust historique des États-Unis, pour estimer que Google abuse de sa position dominante. Si le tribunal fédéral du district de Columbia reconnaît ces pratiques comme anticoncurrentielles, Google pourrait encourir :

  • Des amendes représentant jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial.
  • Des injonctions contraignantes exigeant la modification de ses conditions commerciales.
  • Une obligation de renégocier les accords avec les éditeurs pour protéger leurs droits sur les contenus originaux.

Un conflit global autour de l’IA et des contenus en ligne

Le bras de fer entre IA et médias ne se limite pas à Penske. Début 2025, Chegg, plateforme éducative, a déjà poursuivi Google pour l’impact des AI Overview sur son trafic gratuit, chiffrant une baisse de 49 % en janvier. De son côté, l’Independent Publishers Alliance a déposé cet été une plainte auprès de la Commission européenne, soutenue par une coalition d’éditeurs et d’annonceurs digitaux, appelant Bruxelles à intervenir d’urgence.

Les réponses de Google et la vigilance des régulateurs

Google assure, par la voix de son porte-parole José Castañeda, que les AI Overview “rendent la recherche plus utile” et qu’ils génèrent des milliards de clics vers les sites web chaque jour. L’entreprise conteste l’existence d’une corrélation directe entre l’introduction des résumés IA et la baisse de trafic des éditeurs, arguant que de nombreux facteurs (saisonnalité, évolutions algorithmiques, habitudes des utilisateurs) peuvent expliquer des variations.

Au Royaume-Uni, la Competition and Markets Authority a confirmé la réception d’une plainte similaire, tandis que la Commission européenne, armée du Digital Markets Act, pourrait décider d’enquêter pour déterminer si les pratiques de Google restreignent effectivement la concurrence et nuisent à l’indépendance des médias.

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Enjeux pour le futur du journalisme et de l’IA

Au-delà du litige financier, c’est tout l’équilibre entre innovation technologique et respect des droits d’auteur qui est en jeu. Si Google suffisait à lui seul à désindexer un média, ce dernier perdrait instantanément sa principale source de visiteurs. Les éditeurs craignent que la création de résumés IA devienne la norme, réduisant l’incitation à créer des contenus originaux et dégradant la diversité de l’information en ligne.

Les prochaines étapes de la bataille juridique

  • Audience initiale devant la cour fédérale de Columbia, probablement à la fin 2025.
  • Débat sur la légalité des accords imposés par Google, avec la possible saisie d’experts en économie numérique.
  • Saisine potentielle de la Commission européenne pour examiner les mêmes pratiques sous l’angle du droit européen.

Cette affaire pourrait redessiner les relations entre les grandes plateformes IA et les créateurs de contenus, et définir de nouvelles règles pour la monétisation et la protection des articles journalistiques à l’ère de l’intelligence artificielle.

By Octave