Des capteurs participatifs pour surveiller l’érosion côtière

Face à la montée des eaux et aux tempêtes de plus en plus violentes, il devient urgent de mieux comprendre les dynamiques du littoral. Plutôt que de se reposer uniquement sur des infrastructures onéreuses et centralisées, le projet européen Score mise sur la science citoyenne et des capteurs simples, parfois même créés « maison », pour cartographier en temps réel le déplacement des sédiments sur nos plages.

Le projet Score : 12 villes européennes connectées

Lancé sous l’égide du Centre euro-méditerranéen sur les changements climatiques, Score (Smart Control of Climate Resilience in European coastal cities) vise à déployer un réseau de petits appareils dans douze villes bordant la mer, dont Marina di Massa en Toscane. L’idée est double : fournir aux chercheurs des données précises sur le transport de sable et de galets, et impliquer la population locale dans la collecte et l’interprétation de ces informations.

Peindre des galets pour mieux comprendre le littoral

À Marina di Massa, l’expérimentation prend la forme d’un atelier créatif : les habitants, et notamment les enfants, peignent des pierres ramassées sur la plage avec des motifs colorés. Chacune reçoit ensuite un petit capteur radio à basse fréquence, scellé dans un trou percé au préalable, puis fait l’objet d’un scan 3D pour enregistrer son profil exact. Ces « galets tagués » sont alors dispersés sur le rivage.

  • Au fur et à mesure des vagues, les capteurs enregistrent le mouvement des pierres.
  • Les données radio sont stockées en mémoire interne, puis récupérées après quelques jours ou semaines.
  • En comparant les scans 3D initiaux et finaux, les scientifiques mesurent l’ampleur du déplacement et l’usure des galets.
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Ces informations permettent de détecter les zones les plus vulnérables, où le sable se retire plus vite, et d’anticiper les interventions préventives avant que les habitations ne soient menacées.

Des techniques DIY pour un impact maximal

Au-delà des galets, Score propose des kits « do it yourself » pour créer des capteurs adaptés à différents environnements côtiers :

  • Mesure du mouvement ondulatoire : un boîtier étanche équipé d’un capteur de pression et d’un microcontrôleur Arduino, à installer à 8–10 mètres de profondeur. Il enregistre la hauteur et la fréquence des vagues pour modéliser l’érosion sous-marine.
  • Stations météo locales : des modules montés sur des poteaux en bord de plage, mesurant température, hygrométrie et vitesse du vent, essentiels pour comprendre l’impact des tempêtes sur la zone littorale.
  • Caméras low-cost : un smartphone ou une caméra Wi-Fi disposé sur un panneau explicatif ; les promeneurs prennent des photos datées qui servent à valider et enrichir les données des capteurs.

Ces solutions reposent sur des composants courants (Arduino, capteurs de pression, modules radio), accessibles pour quelques centaines d’euros. L’objectif est de multiplier les points de surveillance tout en impliquant les associations locales, les écoles de plongée et les clubs de makers.

La science citoyenne en action

Score ne se limite pas à la fourniture de kits : il organise des sessions de formation dans les écoles techniques et les clubs de plongée. Les élèves apprennent à :

  • Souder les composants électroniques et étancher les boîtiers.
  • Effectuer des scans 3D pour consigner la forme initiale des objets.
  • Installer les capteurs en zone littorale, puis les récupérer en plongée.
  • Télécharger et analyser les données via une interface web dédiée.
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En responsabilisant les citoyens, Score crée une véritable communauté de « sentinelles côtières », capables de réagir rapidement aux signes d’érosion excessive et de partager leurs observations avec les autorités locales.

Des retours d’expérience concrets

Lors de la conférence Ecca 2025 à Rimini, Chiara Cocco, professeure à l’University College de Dublin, a présenté les premiers enseignements du projet :

  • À Marina di Massa, le transport de sédiments se fait majoritairement vers le nord, nécessitant des digues ou bancs de sable de protection.
  • En Espagne orientale (Dénia), l’absence de ressac de sable a exposé certaines maisons aux vagues lors d’un épisode de forte houle en 2024.
  • En Irlande, des capteurs alimentés par des points Wi-Fi publics ont permis un suivi à distance, limitant les visites sur site.

Ces retours aident les villes partenaires à ajuster leurs plans d’aménagement, en intégrant la « carte de glissement » des sédiments au calcul des zones à risque.

Une démarche accessible pour tous

Score prouve que la surveillance du littoral peut sortir des laboratoires et devenir une activité collective riche de sens. En combinant artisanat local, technologie open source et passion pour l’environnement, ce projet offre un modèle reproductible partout où la côte est menacée. Pour les geeks, les bricoleurs et les amoureux de la mer, c’est l’occasion de contribuer concrètement à la lutte contre l’érosion, armés d’un fer à souder et d’un brin de curiosité.

By Octave