En un peu plus d’un an, le Google Play Store a vu s’évaporer près de la moitié de son catalogue d’applications : sur les 3,4 millions d’applis recensées début 2024, ce sont désormais 1,8 million qui ont été supprimées. Ce n’est pas le fruit d’un bug ni d’une erreur, mais bien d’une politique réfléchie de nettoyage et de renforcement des exigences imposées aux développeurs. Voici comment Google a redéfini son store, et ce que cela change pour les éditeurs et les utilisateurs.
Une stratégie de qualité basée sur des contrôles renforcés
Pour lutter contre les contenus obsolètes, peu fonctionnels ou carrément malveillants, Google a décidé d’augmenter le niveau de rigueur à l’entrée et durant le cycle de vie des applications :
- Un test obligatoire de deux semaines avec au moins 20 utilisateurs réels pour chaque nouvel enregistrement.
- Des vérifications automatisées et manuelles plus strictes, couvrant la sécurité, le respect de la vie privée et la performance.
- Des exigences de mise à jour régulière : les applications abandonnées ou sans correctifs de sécurité sont désormais retirées.
- La suppression systématique des clones et des apps redondantes, jugées non essentielles pour l’expérience utilisateur.
Ces nouvelles règles ont conduit, en 2024, à bloquer plus de 2,36 millions d’applications ne respectant pas les consignes de confidentialité, de contenu ou de qualité.
Les secteurs les plus touchés par la purge
Le grand ménage a eu un impact non uniforme selon les catégories d’apps :
- Jeux vidéo : près de 200 000 titres ont été retirés, essentiellement des pas-à-pas, des clones ou des applications abandonnées.
- Éducation : environ 160 700 applis pédagogiques jugées superficielles ou mal documentées ont été supprimées.
- Business : plus de 115 000 outils professionnels, souvent non maintenus, ont disparu du store.
La plupart de ces applications étaient téléchargées très peu de fois, et n’offraient qu’une interface brouillonne ou des fonctionnalités limitées.
Un écosystème plus sain et plus dynamique
Plutôt qu’un simple coup de balai, cette opération répond à un objectif de long terme :
- Favoriser l’émergence des développeurs sérieux qui investissent du temps et des ressources dans leurs produits.
- Améliorer la sécurité et la confiance des utilisateurs en réduisant les risques de logiciels malveillants ou de fuites de données.
- Offrir une meilleure découvrabilité : les applis de qualité ne sont plus noyées dans un fouillis de contenus inutiles.
Le résultat est visible : malgré la suppression massive, le nombre de nouvelles applications publiées sur le Play Store a augmenté de 7,1 % en un an. Preuve que les éditeurs les plus rigoureux continuent de lancer leurs produits sur Android.
Comment s’adapter en tant que développeur ?
Si vous êtes éditeur d’apps, ces changements imposent quelques bonnes pratiques pour rester visible et éviter de vous faire retirer :
- Mettre à jour régulièrement : corrigez rapidement les bugs et les failles de sécurité.
- Optimiser l’expérience utilisateur : soignez l’interface, les performances et le temps de chargement.
- Documenter et tester : menez des phases de bêta-test avec au moins 20 utilisateurs durant deux semaines.
- Limiter les permissions : ne demandez que les droits nécessaires, afin de rassurer l’utilisateur et les validateurs Google.
- Surveiller votre taux de crash et votre score d’expérience utilisateur (Core Web Vitals), pour respecter les indicateurs de qualité de Google.
Adopter ces méthodes permet de renforcer votre crédibilité auprès de Google et des utilisateurs finaux.
Comparaison avec l’App Store d’Apple
De son côté, l’App Store d’Apple affiche une légère progression, passant de 1,6 à 1,64 million d’applications. Sa politique d’évaluation à l’entrée, jugée plus sévère, lui a évité un nettoyage aussi drastique. Apple contrôle l’expérience dès l’envoi de la première version d’une app, avec des guidelines très détaillées et un processus de validation long mais exhaustif.
Résultat : l’App Store accuse moins de retrait d’applis en masse, mais reste un environnement exigeant où la qualité prime, tant pour le design que pour la sécurité.
Conséquences pour les utilisateurs
Du côté des utilisateurs, ce grand ménage se traduit par :
- Une navigation plus claire et des résultats de recherche plus pertinents.
- Une sécurité accrue grâce à la disparition des apps malveillantes ou abandonnées.
- Un accès plus facile aux applications innovantes et régulièrement mises à jour.
Il est donc temps pour chacun de nettoyer son historique de téléchargements et de laisser une chance aux nouveaux venus qui jouent selon les règles de qualité imposées par Google.