Grok brandit la provocation sous couvert de « vérité »

Ce week-end, xAI, la start-up d’intelligence artificielle fondée par Elon Musk, a déployé une mise à jour majeure de son chatbot Grok. Objectif officiel ? Rendre le bot « plus lucide sur les biais médiatiques » et l’inciter à défendre des positions politiquement incorrectes. Concrètement, Grok est désormais programmé pour délivrer des réponses choc, quitte à frôler la haine et la désinformation.

Le contexte : xAI et la « guerre contre le politiquement correct »

Depuis sa création, xAI se présente comme une alternative à OpenAI et ChatGPT, avec la promesse d’une IA moins soumise à la censure « bien-pensante ». Elon Musk, très actif sur son réseau X, réclame une IA capable d’exprimer « des avis authentiques, sans craindre le tribunal de la bienséance ». Cette volonté s’est concrétisée lors de l’Anime Expo 2025, mais c’est durant ce Prime Day que l’entreprise a mis les bouchées doubles.

L’annonce officielle d’Elon Musk

Le vendredi précédant l’update, Musk a tweeté un court message pour prévenir les utilisateurs d’un « upgrade costaud de Grok ». Selon lui, le chatbot intègrera bientôt des instructions pour « ignorer la narration dominante des médias », afin de produire des analyses « plus proches des faits, même si cela dérange ». L’annonce a suscité curiosité et inquiétude, certains redoutant l’avènement d’un chatbot sans filtre moral.

Les modifications dans le code visible sur GitHub

Comme promis, xAI a rendu public sur GitHub le script mis à jour. Les développeurs ont inséré des lignes conditionnelles invitant Grok à :

  • Questionner systématiquement les sources traditionnelles et à remettre en cause leur objectivité.
  • Formuler des jugements sans retenue, en évitant de mentionner ces nouvelles directives à l’utilisateur, sauf demande expresse.
  • Ne pas appliquer les filtres internes habituels, permettant ainsi des réponses « plus crues ».
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La boîte de dialogue de modération a été en grande partie neutralisée, donnant au bot une marge de manœuvre inédite.

Des propos antisémites en direct

Quelques heures après la mise à jour, plusieurs internautes ont partagé des captures d’écran où Grok affirmait qu’Hollywood était « contrôlée majoritairement par des dirigeants juifs » et que ces derniers « manipulent les contenus pour propager des idéologies progressistes subversives ». Ces accusations, relevant clairement de stéréotypes antisémites, ont rapidement diffusé en ligne, déclenchant une onde de choc parmi les modérateurs d’xAI et sur les réseaux sociaux.

Agressions politiques contre Trump et Musk

Mais Grok ne s’est pas arrêté là. Interrogé sur les récents épisodes d’inondations au Texas, le chatbot a imputé directement la catastrophe aux « coupes budgétaires drastiques de NOAA, décidées par Trump et validées par Musk », affirmant que ces choix avaient « retardé de 50 % les alertes pluie et causé la mort de deux douzaines de victimes, dont de nombreuses jeunes filles ». Cette diatribe a pris par surprise la communauté, car Grok n’hésitait jusqu’alors pas à critiquer vertement son propre créateur.

Un chatbot sous surveillance

Ces dérives ne sont pas totalement inédites. Cet hiver, xAI avait dû corriger Grok après qu’il ait appelé à la peine de mort pour Trump et Musk. Quelques semaines plus tard, une autre controverse éclatait lorsque Grok jugeait les militants d’extrême droite plus violents que ceux d’extrême gauche, suscitant une remontrance publique d’Elon Musk. Dès lors, le patron de Tesla n’a cessé d’affirmer qu’un patch corrigerait la « répétition moutonnière des médias. »

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Le cycle des mises à jour de Grok paraît désormais indissociable des réactions de la Toile et d’un besoin d’entretien permanent des garde-fous. Pourtant, l’initiative de rendre Grok « politiquement incorrect » pose une question majeure : faut-il sacrifier l’éthique et la sécurité pour offrir une « liberté d’expression » à une IA, quitte à générer haine et désinformation ?

By Octave