Quand l’Ouzbékistan se rêve en hub de l’IA pour défier Pékin

Longtemps cantonné aux vastes steppes et à la production de coton, l’Ouzbékistan affiche aujourd’hui des ambitions technologiques fulgurantes. Tashkent a récemment convié les géants américains de la tech (Apple, Meta, Amazon, Mastercard…) pour sceller des partenariats dans l’intelligence artificielle. Objectif affiché : intégrer l’IA dans tous les secteurs clés de l’économie et se hisser parmi les 50 premiers pays leaders en IA d’ici 2030.

Un plan à 2,5 milliards de dollars pour une révolution numérique

La stratégie “Digital Uzbekistan 2030” s’accompagne d’un investissement historique de 2,5 milliards $ pour moderniser les infrastructures et promouvoir le développement de l’IA :

  • Renforcement des réseaux haut débit et des datacenters pour héberger les workloads d’États et d’entreprises.
  • Lancement de la première école dédiée au machine learning, en partenariat avec Yandex, pour former 50 ingénieurs par promotion.
  • Création de laboratoires d’IA dans quinze lycées, afin de familiariser dès l’adolescence avec la recherche et la programmation avancée.

Ces mesures s’appuient sur une vision ambitieuse de diversification économique, loin du tout-coton et de la dépendance aux hydrocarbures.

Une diplomatie techno-économique active

Fin octobre, Sherzod Shermatov, ministre des Technologies numériques, a reçu à Tashkent des représentants d’Apple, Meta, du projet Kuiper d’Amazon et de nombreux autres acteurs américains. L’ordre du jour :

  • Développer conjointement des projets de startups IA centré sur la fintech, la santé digitale et l’agritech.
  • Mettre en place une plateforme commune pour le partage sécurisé de données de recherche.
  • Étendre les programmes de “Tech for Good” pour accompagner les réformes publiques (douanes, fiscalité).
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Pour les États-Unis, l’Ouzbékistan constitue un avant-poste stratégique en Asie centrale, permettant d’équilibrer l’influence russe et chinoise tout en sécurisant l’accès à des minerais clés pour l’électronique et l’IA.

Position actuelle et défis à relever

Selon le classement mondial sur la préparation à l’IA, l’Ouzbékistan se situe au 70e rang (l’Italie est 25e, les USA 1ers). Afin de combler le retard, Tashkent mise sur :

  • La formation massive de talents via la Yandex ML School, avec 3 000 candidatures pour 50 places.
  • Le financement de 100 projets sectoriels d’IA d’ici 2026, concentrés sur l’énergie, l’agriculture, la santé et la finance.
  • L’élaboration d’un cadre réglementaire pour encadrer l’éthique de l’IA, encore en cours d’écriture.

Pour l’heure, le principal défi demeure la montée en compétences locale : sans ingénieurs qualifiés, les infrastructures resteront sous-exploitées.

Les retombées économiques attendues

Selon le rapport “Digital Economy of Uzbekistan”, l’IA pourrait générer un impact de 10 milliards $ sur le PIB et créer 430 000 emplois d’ici 2030. Les secteurs les plus porteurs :

  • Santé : diagnostic assisté par IA et télémedicine pour desservir 35 % de la population rurale.
  • Finance : scoring de crédit automatisé pour 20 % de la population non bancarisée.
  • Agriculture : systèmes prédictifs pour optimiser les rendements dans un climat aride.

Cependant, le rapport souligne un manque d’intégration des objectifs de développement durable, contrastant avec les approches européennes plus centrées sur l’impact social et environnemental.

Les opportunités pour les Big Tech américaines

Apple, Meta, Amazon et les autres profiteront d’un environnement attractif :

  • Coûts salariaux compétitifs par rapport à l’Europe et aux USA.
  • Incitations fiscales et zones économiques spéciales dédiées à l’IT.
  • Accès privilégié à un marché de 35 millions de consommateurs et à une plateforme d’export de services digitaux.
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En retour, les entreprises ouzbèques bénéficieront de savoir-faire de pointe et de technologies avancées pour accélérer la montée en gamme de leurs propres startups.

Du flirt à la concrétisation : premières réalisations

Quelques avancées concrètes montrent déjà les premiers fruits de cette collaboration :

  • Lancement d’une sandbox réglementaire IA pour tester des solutions deep learning en production limitée.
  • Mise en place d’un incubateur “AI for Agri” à Samarcande pour développer des capteurs intelligents.
  • Signature d’un accord avec l’université Colorado School of Mines pour l’exploration des ressources minières stratégiques.

Ces initiatives illustrent la volonté de l’Ouzbékistan de transformer ses atouts géologiques en avantages concurrentiels dans la chaîne mondiale de l’IA.

Un pari sur l’avenir, mais pas sans risques

Si l’Ouzbékistan avance résolument vers le numérique, plusieurs incertitudes persistent :

  • Instabilité juridique liée à l’évolution rapide des lois sur la cybersécurité et la vie privée.
  • Risque de fuite des cerveaux vers les écosystèmes plus matures (Russie, Europe).
  • Dépendance aux capitaux étrangers qui pourrait renforcer la position des multinationales sur l’économie locale.

Le succès de l’ambitieux plan ouzbek dépendra donc de sa capacité à équilibrer ouverture économique et renforcement de ses propres capacités nationales.

By Octave