En France, une enquête d’envergure a été ouverte contre quatre géants du e-commerce : Shein, AliExpress, Wish et Temu. Accusées d’avoir laissé circuler sur leurs plateformes des produits à caractère pédopornographique ou susceptibles d’être accessibles à des mineurs, ces entreprises sont désormais dans le viseur de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).
Le scandale des « poupées sexuelles » sur Shein
Tout a commencé lorsque des agents de la DGCCRF ont découvert sur Shein des poupées étiquetées « jouets érotiques réalistes » présentant des traits et des proportions manifestement enfantins. Hautes d’environ 80 centimètres, ces poupées arboraient des visages juvéniles et tenaient un ourson en peluche, créant une image jugée « inadmissible » par les autorités.
Selon le ministère de l’Économie, ces articles « représentent des mineurs dans des contextes sexuels », ce qui constitue une violation grave du Code pénal français, passible de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. Le langage promotionnel, évoquant des « vagues similitudes avec des adolescentes », a été qualifié d’inacceptable par Roland Lescure, ministre de l’Économie, qui n’a pas exclu de demander l’exclusion pure et simple de Shein du marché national si de tels manquements se reproduisent.
Réactions et mesures gouvernementales
Positions et promesses des plateformes mises en cause
Face à la vague d’indignation, chaque acteur a réagi sous pression :
Shein : un coup dur pour l’image et la stratégie commerciale
Cette affaire intervient à un moment clé pour Shein, déjà sanctionnée à trois reprises en 2025 par les autorités françaises pour publicité trompeuse et non-respect de la réglementation sur les cookies, pour un montant total de 191 millions d’euros. La marque s’apprêtait à inaugurer son premier magasin physique au Bhv Marais, à Paris, projet désormais compromis par ce nouveau bad buzz.
Au-delà du risque pénal, l’enjeu est également réputationnel : Shein tente depuis plusieurs mois de redorer son image en misant sur la durabilité et la transparence. Or, l’idée que sa marketplace puisse héberger des articles criminels creuse un fossé avec les engagements éthiques affichés.
Enjeux légaux et responsabilités des plateformes
En droit français, les intermédiaires numériques sont tenus d’un devoir de vigilance vis-à-vis des contenus qu’ils hébergent. Le cadre légal impose :
Si la DGCCRF constate des manquements graves aux règles de modération, elle peut requérir des sanctions administratives, voire demander la suspension de l’activité sur le territoire national.
Un signal fort pour la protection des mineurs
Au cœur du débat, la protection des plus vulnérables se veut non négociable. Les responsables politiques et les associations luttant contre la pédopornographie saluent l’initiative française, estimant qu’il faut briser l’impunité des plateformes et responsabiliser les géants du numérique.
Pour les consommateurs, cette affaire rappelle la vigilance nécessaire lorsqu’on achète en ligne. Vérifier la crédibilité du vendeur, lire les avis, signaler tout contenu douteux : chacun a désormais un rôle à jouer dans la lutte contre la diffusion de contenus criminels.
Perspectives et suite de l’enquête
La DGCCRF poursuit ses investigations pour déterminer l’origine de ces annonces et identifier les réseaux de fournisseurs. Les prochaines semaines seront cruciales pour savoir si la France passera à l’offensive, en réclamant des amendes supplémentaires ou, dans le cas extrême, l’exclusion des sites incriminés.
En tout état de cause, ce dossier marque un tournant dans la régulation des marketplaces internationales et pose la question de l’efficacité des contrôles automatisés face à des contenus toujours plus furtifs.