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Un drone suspect force la fermeture d’un aéroport : voici ce qui s’est vraiment passé !

Dès début septembre, l’Europe du Nord est restée suspendue au moindre signalement de drone. Tout a commencé lorsque, dans la nuit du 1er au 2 septembre, un engin russe a traversé la frontière polonaise, poussant Varsovie à invoquer l’article 4 du traité de l’OTAN. Depuis, le climat est à l’hypervigilance : chaque objet volant non identifié déclenche une alerte majeure, militaire ou civile. Cependant, derrière cette défiance généralisée, se cachent parfois des méprises aussi coûteuses qu’inattendues.

Alerte dans les aéroports danois

Entre le 25 et le 26 septembre, plusieurs aéroports du Danemark ont été temporairement fermés pour suspicion de drones :

Face à ces alertes à répétition, les autorités locales ont privilégié la fermeture immédiate des pistes, estimant qu’il s’agissait là de la mesure la plus prudente pour écarter tout risque, y compris lorsqu’il s’est avéré infondé.

Un mur anti-drones à l’étude

Pour renforcer les défenses, la commissaire européenne Andrius Kubilius a récemment proposé la construction d’un véritable « mur anti-drones » le long du front occidental de l’Union. L’idée consiste à ériger un dispositif de détection et d’interdiction des drones hostiles, afin de pallier les failles des radars traditionnels et des contrôles aériens. Entre technologies de brouillage et systèmes à base d’ondes radio, cette barrière high-tech vise à protéger les infrastructures stratégiques — aéroports en tête.

Trois niveaux d’alerte selon l’OACI

Pour guider les mesures d’urgence, l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) définit trois phases de crise :

Dans le cas des drones, la simple observation injustifiée peut déclencher l’Alerfa, poussant les contrôleurs à interrompre tout décollage et atterrissage propre à garantir la sûreté, même si aucun risque avéré n’est établi.

Les recommandations de l’EASA

Au sein de l’Union européenne, l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) a encadré la gestion des incidents liés aux drones avec deux règlements-clés (UE 2019/947 et UE 2019/945). Le manuel « Drone incident management at aerodromes » préconise toutefois que la fermeture d’un aéroport reste « une mesure de dernier recours ». Il rappelle aussi que :

Malgré ces cadres, la peur l’emporte souvent sur la procédure idéale : dès qu’un objet non identifié apparaît sur les écrans radar ou se présente visuellement, les pistes se ferment sans délai.

Peut-on abattre un drone suspect ?

L’autre épineuse question est celle de l’interception ou de la neutralisation des drones. Selon une étude de 2025 sur les systèmes counter-drone en Europe, le principal obstacle est juridique : aucun texte unique n’autorise clairement le jamming, l’usurpation de commande (hack) ou la mitigation cinétique (destruction physique via armes à feu). Les solutions disponibles incluent :

Chaque État européen applique ses propres restrictions, souvent renforcées par des lois de protection de la vie privée et des données. Pour pallier ce manque de consensus, le projet européen Courageous piloté par Interpol élabore des standards pour tester et certifier des contremesures utilisables en zones sensibles.

Quand fermer ou ne pas fermer

En pratique, la balance entre sécurité et continuité du trafic aérien penche très vite du côté de la prudence. À Aalborg, la décision de garder l’aéroport fermé trois heures, malgré l’absence d’ennemi identifié, découle d’une volonté politique de ne pas prendre de risque, quitte à assumer des pertes économiques considérables. Pour les voyageurs, cette approche garantit une tranquillité d’esprit, mais elle pèse lourdement sur les compagnies, les logisticiens et l’image même des aéroports.

Alors que la menace des drones grimpe en Europe, les autorités devront trouver un juste milieu entre mesures d’urgence efficaces, technologies counter-drone légales et harmonisation des procédures internationales. Car, à force de fermer les aéroports au moindre doute, c’est la confiance dans les transports aériens qui pourrait être la première victime.

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