Spotify vient de passer à l’offensive en envoyant un avis DMCA à l’équipe de ReVanced, l’application communautaire qui permettait d’accéder à certaines fonctionnalités Premium sans abonnement payant. Cette action marque une escalade dans la lutte de la plateforme de streaming contre les patches non officielles, et pourrait bien redessiner les frontières entre personnalisation logicielle et contournement des protections.

Un DMCA ciblé sur l’« Unlock Premium patch »

Au cœur du conflit se trouve le patch « Unlock Premium », développé par ReVanced. Il offrait aux utilisateurs :

  • L’accès aux sauts de piste illimités, autrefois réservés aux abonnés payants.
  • L’écoute hors ligne, sans contrainte de publicité.
  • Les contrôles avancés de qualité audio et de lecture, typiques du forfait Premium.

Selon l’avis DMCA transmis, Spotify accuse ReVanced d’avoir créé une œuvre dérivée qui contourne les mécanismes de protection de son application officielle. Le géant suédois invoque l’article 1201 du Digital Millennium Copyright Act : toute modification destinée à contourner un dispositif de protection enfreint la loi, même si aucun contenu n’est directement copié.

Les arguments de Spotify

Dans sa plainte, Spotify met en avant plusieurs points clés :

  • Aggir sur le protocole de licence : le patch permettrait de tromper le système de validation des comptes Premium.
  • Usage des clés de chiffrement : la requête reproche à ReVanced d’exploiter ou de reproduire illégalement des routines de vérification propriétaires.
  • Bypass des contrôles de sécurité : l’entreprise estime que l’utilisateur peut accéder à des fonctionnalités non payantes sans compensations financières, nuisant à son modèle économique.

Pour Spotify, il ne s’agit pas seulement d’une modification esthétique, mais d’un véritable contournement de ses barrières techniques.

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La riposte de ReVanced

De leur côté, les développeurs de ReVanced contestent ces accusations :

  • Pas de code propriétaire : ils affirment n’avoir jamais copié le code source de l’application officielle.
  • Pas de piratage de contenu : aucune fonctionnalité n’autorise le téléchargement ou la diffusion illégale de musique.
  • Focus sur l’expérience utilisateur : les patchs visaient à améliorer le confort, en supprimant les publicités et restrictions, sans altérer les flux audio.

Dans un appel lancé sur GitHub, ReVanced invite désormais la communauté et des experts en droit d’examiner la légitimité de ce DMCA. Reste à savoir si leur défense tiendra face à la riposte légale de Spotify.

Vanced, un précédent qui avait déjà viré au drame

ReVanced est né des cendres de Vanced, l’outil non officiel ayant permis pendant des années de bénéficier de YouTube Premium sans abonnement. En 2022, Google avait obtenu le retrait définitif de Vanced via plusieurs requêtes DMCA. Ce précédent démontre la vulnérabilité des projets open source face aux géants du Web.

L’histoire se répète aujourd’hui avec Spotify. Les leçons tirées de Vanced auraient dû inciter ReVanced à plus de prudence, mais la communauté a visiblement choisi de repartir à l’assaut, alimentée par la demande de nombreuses fonctionnalités Premium gratuites.

Des batailles juridiques précédentes

Plusieurs affaires américaines illustrent les risques :

  • 321 Studios vs. MGM (2003) : l’entreprise 321 Studios proposait un logiciel permettant de copier des DVD protégés. La Cour a jugé le contournement illégal.
  • MDY Industries vs. Blizzard (2008) : MDY distribuait un bot automatisant les tâches dans World of Warcraft. Blizzard a obtenu gain de cause, les tribunaux considérant que ce bot violait les conditions d’utilisation et le DMCA.
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Ces décisions ont établi que même une simple modification de fonctionnalités peut être assimilée à un contournement prohibé.

Un impact potentiel sur l’écosystème du modding

Si Spotify obtient gain de cause, ReVanced pourrait être contraint de retirer toute prise en charge de son client audio. L’effet domino toucherait non seulement les utilisateurs, mais aussi tous les projets qui aspirent à personnaliser des applications propriétaires. Les développeurs indépendants risquent de redouter d’associer leur nom à un mod pouvant déclencher des poursuites.

Quelles alternatives pour les utilisateurs ?

  • Abonnement Premium classique : reste la voie la plus sûre pour profiter de toutes les fonctionnalités sans risques légaux.
  • Autres services de streaming : certains proposent des offres d’essai prolongées ou des remises étudiantes.
  • Modèles open source légaux : des clients commeReddit Music offrent une alternative sans publicité ni DMCA.

Il est plus que jamais conseillé de peser le pour et le contre avant d’installer des patchs non officiels, sous peine de voir ses applications et appareils compromis.

La suite du feuilleton

La guerre juridique est désormais officiellement déclarée. Les prochaines semaines seront cruciales pour savoir si ReVanced parviendra à maintenir ses patchs ou devra céder face à la pression de Spotify. Quoi qu’il en soit, cette affaire souligne la fragilité des projets tiers quand ils s’attaquent aux protections des plateformes propriétaires.

By Octave